Texte du sujet: "Temps", sujet 3 : "Voyage temporel"

Pourquoi j'ai fait un marathon de ce truc ? Il est plus d'une heure du mat putain ! Je vais être crevée. En plus ça m'a tellement retournée que j'ai pleuré comme un débile dans la douche. Pourvu que le petit se lève tard demain. Si il est au taquet avant dix heure du mat la journée va être très longue. Sur cette pensée, je prends mon médicament pour dormir, je pose ma tête sur l'oreiller et comme d'habitude, après un vague début de rêve, plus rien.

Je me réveille, au son de Nirvana qui entonne smell like teen spirit. Dans le gaz j'essaye de comprendre. Normalement mon portable sonne des clochettes et le son de l'eau qui coule. Qui a allumé la radio ? Attends on a pas de radio ! Qui a allumé la télé ? Le petit peut pas sortir seul de son lit. Les grandes sont à l'école et Lui est au boulot que je sache. Alors a moins que les chiens fassent une teuf rétro pourquoi mon cd de Nirvana tourne sans la baraque. Trop de question j'ouvre les yeux mais comme chaque matin je fais attention en me levant car la rigor mortis du matin peut être douloureuse. Ma chambre est rose. Merde ma chambre est rose ! Je me fais un panoramique de la dite chambre. Mais c'est pas ma chambre. Enfin pas celle que je partage avec mon mari à l'heure actuelle. Cette chambre c'est celle de mon enfance. Je suis allongée dans mon petit lit une place avec la parure rose a fine rayure type écossais, pas étonnant que j'ai une passion pour le tartan maintenant ! Je dois rêver c'est ça. C'est un rêve mêlé a un vieux souvenir, le trucs d'hier a du les faire remonter du coup j'en rêve.

Je suis toujours dans la lit quand je me vois entrer dans la pièce. Mon moi de de treize ans. Je porte cette fichue coupe au carré qui reviendra plusieurs fois dans ma vie avec différentes variantes comme le plongeant, l'ondulé, le bouclé, sans parler des différentes couleurs. Mais la il sont juste au naturel raide et blonds clair coupé à quatre centimètres environ sous mes lobes. Ils bougent juste assez pour qu'on voit les petites créoles qui pendent à mes oreilles. J'ai enfiler le jean que j'ai piquer à mon père un 501 délavé par le temps dans lequel il ne rentre plus. Il tombe pile comme il faut sur mes toutes nouvelles formes. Et le pull en laine bleu claire est assorti à mes yeux. Ma mère ne m'autorise qu'un peu de mascara. Et j'ai enfin le droit de porter des derby à talon d'environ six centimètres qui me permettent de compenser ma petite taille. Je me souviens parfaitement de cette année. Je suis en quatrième et je vais perdre le plupart de mes illusions. Je ne dis pas mon innocence car j'aime a croire qu'il m'en reste un peu comme l'espoir. Mais cette année la si vous m'aviez demander je vous aurais dit que j'avais tout perdu.

Je me regarde préparer mon sac de cour, toujours assise dans le petit lit. Il semble que mon moi de treize ans n'ai rien remarqué. A en jugé par mon pull et par mon sourire ce matin là, il ne m'est encore rien arrivé je crois encore que mes amis seront mes amis pour la vie, je crois encore que la vie est simple et belle, je crois encore au prince charmant. Une fois le sac fait j'embrasse la pièce histoire de vérifier que tout est ok. Et je n'ai toujours pas l'air de me voir dans le lit. Ma petite tête blonde et souriante s'approche du radio réveil pour l'éteindre puis sort de la chambre. Mu par je ne sais trop quoi je me lève en trombe et me suis. Je dis a ce soir a la cantonade et je sors de l'appartement. Je suis devenue mon ombre. Une ombre à peine plus grande, une ombre plus vieille aussi. Est-ce que je regrette cet age ? Non, j'ai déjà vu le film je sais ce qu'il va se passer. Si je pouvais faire un avance rapide je le ferais. Si je pouvais changer les choses je le ferais. Est-ce que je peux ? Est ce que je peux faire en sorte de changer mon passé pour qu'il soit moins douloureux ? Pour que j'y perde moins ? Je me pose cette question mais je suis dans un rêve bien entendu je peux changer les choses. Ça pourrais même être cool. Si je m'y prend bien je pourrais faire apparaître un acteur ou un chanteur connu pour être mon petit copain. Ça leur mettrais bien les boules. Je me concentre un peu j'essaye d'influer sur le rêve mais rien ne se passe. Ma petite tête blonde attends devant l'immeuble. La silhouette grande et familière de ma copine Marilyne arrive. Elle me sourit, on se salut. Et nous marchons toutes les deux vers le collège. Je me suis telle une ombre super bizarre. Je n'ai même pas fait attention a mon apparence. Ai-je l'air d'un fantôme pour que personne ne me voit ? Je fais un tour générale de ma personne, pas de drap blanc ni de boulet, aucun morceau n'a l'air de manquer donc pas l'air d'un zombie non plus et comme j'ai pu me voir je ne suis pas invisible pour moi du moins. Le truc étrange c'est que je porte les mêmes vêtements que mon moi de treize ans. Mais a ma taille heureusement. Ça aurait été très inconfortable et embarrassant de déborder de ce jean et de marcher avec des chaussures trop petites.

Arrivée au collège en passant le portail quelques chose se passe. C'est comme si j'avais traversé de l'eau. Le soleil est plus chaud mon moi a changé de vêtements. Et Marilyne n'est pas avec moi. Je suis avec Anne-Sophie et Aude, nous rejoignons Solène, Soufiane, Clément et Amiel. Nous portons un jupe Naf-Naf moulante et bariolé qui va beaucoup mieux a ma version jeune, et un top moulant aussi avec un col rond qui sur n'importe qui passerais pour sage mais qui sur ce moi là, passe pour de la provoque, c'est le printemps. J'ai du prendre un bon bonnet et de mon gentil 70A Nous voilà rendu a un 90B, je suis gaulé comme un violoncelle et je n'ai aucune idée de ce que ça déclenche chez les autres. J'ai quatorze ans, je suis naïve et trop gentille.

Je me suis dans les couloirs du collège je revis un cours de math de Madame Greffe qui devait me prendre pour une cause perdue. Puis la cloche sonne la pause méridienne arrive. Nous déjeunons tous en groupe avec la bande. Ceux que je pensais être des amis. Et lorsque nous nous dirigeons vers le fond de la cours en direction des deux préfabriqués qui serve d'annexe a la partie lycée, je comprends. Je vais revivre ce jour. Celui-là, celui qui a eu l'effet d'un papillon à Tokyo. Je me crie de ne pas y aller de trouver une excuse. Je me cris d'aller au CDI à la place. Je me cris de faire attention. Mais ma tête blonde dont les cheveux ont suffisamment repousser pour que je puisse les attacher en queue de cheval n'entend rien. Je suis impuissante je vais revivre ce moment d'humiliation totale. Ce moment de solitude extrême. Je vais perdre un petit morceaux d'illusion la juste dans quelques minutes. On discute tranquillement. Et Soufiane qui est du genre câlin avec tout le monde vient se coller a moi. Ce qui me paraissait innocent ne l'est plus. Il en veut plus. Mais Soufiane n'est qu'un ami a mes yeux rien de plus. Je le repousse une première fois gentiment. Sur le ton de la plaisanterie ça devrait passer.

Je me regarde comme on regarde un accident de voiture. À la fois apeurée, fascinée, impuissante, et triste. Il insiste malgré mes protestations. Je suis jolie, on s'aime bien pourquoi ne pas sortir ensemble demande t-il, tout en m'acculant contre un des pré-fabriqué. Je lui répond calmement que je le considère comme un ami rien de plus. Et qu'il ne ne devrait pas gâcher ça. Il s'agace me pousse contre le mur fin du pré-fabriqué, les autres regarde la scène sans bougé. Pas même Clément que je cherche du regard. Clément et moi on remonte à la sixième, il portait des bermudas et des chemisettes, avec ses lunettes qui lui mangeait le visage c'était l’archétype du premier de la classe. Mais il était beaucoup plus drôle qu'il en avait l'air et lui et moi avions en commun une passion pour les requins et les histoires d'attaques de requins. Ainsi nous avions passé beaucoup de temps pendant les récréations a lire un bouquins sur les attaques de requins et une amitié étrange était né. Mais ce jour la, il était aux abonnés absents. Soufiane était le mâle alpha de la bande et personne ne discute avec l'alpha. C'est pourquoi personne n'est venu a mon secours lorsqu'il a posé ses mains sur ma poitrine comme si il voulais évaluer la marchandise, puis quand il a posé sa main plus bas sur mon anatomie. Et je me suis regarder avoir ce réflexe de survie qui déclencherai la guerre. Mon genou a volé dans l'entrejambe de Soufiane, qui a eu le souffle coupé. Je me suis regardé me dégagé et fuir, Anne-Sophie sur mes talons essayant de me réconforter, bien qu'elle ne se soit pas interposé. Je me suis regardé pleurer. Mais en y réfléchissant quelle était la meilleure solution. Céder ? Puis rompre quelques temps plus tard pour obtenir un résultat similaire sans doute. Me laisser faire et attendre que ça passe. Et voir des rumeurs se propager quand même. Il n'y avait pas de bonne solution. J'aurais juste du ne jamais être a cet endroit a ce moment. J'aurais du juste jamais ne devenir ami avec eux. Mais comment savoir ?

Alors que je me suis, au travers du petit bosquet de la cours pour m'éloigner le plus possible de Soufiane, je passe de nouveau au travers de d'une sorte de portail d'eau. Je peste toujours après ce crétin arrogant de quatorze ans qui se prenait pour un homme, en retenant des larmes, quand je me retrouve dans une salle de classe. C'est le cours d'anglais, nous sommes en demi groupe, une partie de la classe à allemand. Je suis assise sur une rangée a coté d'Anne-Sophie. Derrière nous se trouve le reste de la bande. Soufiane et Solène juste derrière moi. Et je les entends chuchoter des insultes dans mon dos. Nous somme en troisième, je porte un pull à col roulé et une salopette. Mes cheveux sont beaucoup plus longs et bouclés maintenant. Je serre les dents. Les rumeurs propagées et les insultes sont mon quotidien depuis l'incident du préfabriqué. Cela fait des mois que j'ai remisé mes jupes et mes jolis petits hauts, pour caché mon nouveau bonnet C derrière des pull XL et des baggy. J'endure chaque heure dans ce collège comme mon enfer personnel. Juste parce que j'ai refusé les avance de l'alpha, je suis devenu moins qu'un Oméga. Je suis au bout du bout de la chaîne de hiérarchie, je suis le souffre douleur. Je me regarde courber les épaules et encaisser les accusations. Je me regarde tenter de me concentrer et faire semblant de ne pas entendre les pute et salope qui me désigne.

Je me regarde courbé l'échine devant ces gens qui ne méritaient même pas mon attention en premier lieu et je pleure encore une fois. Parce que malgré les années, on peut se dire que c'est passé et essayé d'oublier mais ça fait toujours aussi mal. J'ai envie de me crier d'en parler, de ne pas rester seule face à ça. J'ai envie de me crier de chercher de l'aide mais je sais maintenant que je ne m'entendrais pas. La cloche sonne et comme nous passons la porte, de nouveau un portail d'eau. Et me voilà dans l'appartement. Je suis seule, assise à la table de la salle à manger. J'ai devant moi des biscuits, du fromage, de la brioche et de la pâte à tartiner. Et comme je me regarde, je sais que je vais tout engloutir avant même d'avoir attaqué mes devoirs. Je vais tout engloutir avant que ma mère et mon frère ne rentre. Loin des regards je vais combler ce vide qui grandit chaque jour en moi et que je nie. Et bouché par bouché je vais me faire du mal, comme pour me punir finalement moi aussi et sans comprendre pourquoi. Encore un fois je voudrais crier. Mais je m'approche de la table et j'essaye de renverser ce qui se trouve dessus, il faut que je trouve un moyen de m'aider. Après tout si je suis là c'est bien pour quelque chose non ? Je suis de moins en moins sûr de rêver. Tout est bien trop précis, trop réelle pour que ce ne soit que de vagues souvenirs rêver. Alors que j'essaye de balayer la table de mes bras, je passe au travers. Comme un fantôme du futur que je suis. Je hurle de rage. Devant ce pathétique moi qui ingurgite cette nourriture dans le but de combler le trou béant qui la fait tant souffrir. Je subis la torture de me voir finir ce goûter. Puis je me lève et rejoint ma chambre. Encore une fois ce portail d'eau. Et je suis dans le couloir. Le chatte miaule dans mes jambe. Et je sais exactement quel jour nous somme. C'est le printemps, quelques jours auparavant j'ai appris que la fameuse chatte s'est rendu coupable d'homicide sur mon lapin nain. J'ai passé une journée catastrophique. Cela fait quelques semaines que je n'ai même plus le soutiens d'Anne-Sophie qui a décidé de fréquenté d'autres personne. Aude et Clément sortent ensemble, Soufiane et Solène sont le couple d'alpha officiels et Amiel joue la cinquième roue. Je subis toujours leurs assauts quotidiens. Je passe souvent mes nerfs sur ma mère pour compenser. Et lorsque j'ai demander à aller en pension elle m'a rit au nez. Ce jour la c'est la chatte qui a pris. Je l'ai laisser en tête à tête avec sa boite de pâté fermée, en lui disant que si elle était capable d'ouvrir un cage, elle pouvait ouvrir un boite. En bon chat rancunier qui se respecte elle m'ignoreras jusqu'aux trois derniers jours de sa vie. Je glousse un peu en me voyant m'engueuler avec un chat. Puis je me regarde ouvrir le frigo et les placard pour me préparer mon goûter. J'engloutis ma portion de colmatage, mais aujourd'hui ça ne semble pas suffire. Je fais le tour des placards pour dénicher un truc. Et je me regarde pleurer en mangeant une boite de ravioli froide à même la conserve.

J'ai mal j'ai tellement mal pour ce moi passé. Je sais que ça finira par aller mieux mais elle non. Et je me vois souffrir et j'ai mal de nouveau. Est-ce qu'il faut en passer par la pour grandir ? Doit-on souffrir autant ? Cela fait-il de nous des gens meilleurs ? Cela forge-t-il notre caractère ? Il y a t-il des gens qui ne souffre pas ? Sont-il moins bons pour autant ? Je me lève et se dirige vers la chambre pour aller faire mes devoir. Sauf que je sais qu'aujourd'hui je ne vais pas les faire. J'ouvre la fenêtre et je me penche. En appui sur la rambarde je regarde le sol quatre étage plus bas. La petite haie de l'appartement du rez-de chaussé et l'étendoir à linge. J'évalue la hauteur, sera t-elle assez grande pour que je parte vite ? Je réfléchis avec la haie pour amortir ma chute, je pourrais m'en sortit et ce n'est pas le but. Je me balance dangereusement sur cette rambarde. Je pourrais aller chez mes grands parents en face, ils sont au sixième étage et de la fenêtre su salon c'est le bitume qui me stopperais. Aller simple assuré. Je réfléchis encore, je me vois mal entré les embrasser et ressortir par la fenêtre. Ça serait bien trop cruel. Je continu de me balancer. Si j'y vais la tête la première ça devrait le faire. Je peux voir la détermination dans mes yeux. Et je comprends que c'est là que je dois intervenir. Que je suis la pour ça. Je cris mais je ne m'entends pas. Je veux me toucher mais je passe toujours au travers. Alors je pleure avec mon moi si triste. Je pleure comme elle le fait en se balançant sur cette rambarde. Puis entre deux sanglots, je chuchote et ta famille ? Mon regard si déterminé malgré les larmes vacille. Alors je chuchote, tu te rends compte du mal que ça leur ferait ? Mes pieds se pose sur la moquette. Je recule jusqu'à mon lit qui m'accueille comme un refuge et je pleure, roulé en boule sur ma couette. Je m'approche de mon moi blessé pour la réconforter comme je peux. Je lui chuchote de continuer de rêver. Je lui chuchote que ça ira mieux qu'elle aura plein d'histoires chouettes qui lui arriveront et d'autres qui la blesseront aussi. Mais que tout ce chemin la mènera a lui et a eux. Et que quand elle les auras elle sera encore plus forte. Et que c'est la meilleure des revanche. Être plus forte ! Et comme je m'assoie sur le lit je glisse dans l'eau et émerge dans mon lit, celui que je partage avec lui. Je suis de retour dans mon futur. Je scrute la chambre pour voir si quelque chose a changer, si j'ai altéré le temps. Mais il semble que non. Mais quelque chose en moi se demande ce qui serais arrivé si je ne n'avais pas été le fantôme de mon futur. J'entends le petit qui appelle : Maman, gros dodo ! J'essuie mes larmes en sortant du lit. Quand je monte, il me sourit. Je le prend dans mes bras il sent le sommeil et les cheveux ébouriffés. Il pose sa tête sur mon épaule et demande : gros dodo maman ?

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A-Nacht
C'est un récit très poignant.
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AirellaRed
J'ai les larmes aux yeux. Et c'est rare qu'un texte me fasse cet effet! J'espère juste qu'il n'est pas autobiographiqu e...
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MaHell
Malheureusement c'est autobiographiqu e mais je rassure tout le monde je vais bien. Simplement 13 reason why à fait resurgir beaucoup de mauvais souvenirs et de peur et j'ai ressenti le besoin d'en parler comme pour exorciser mon passé.
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AirellaRed
C'est navrant de se dire qu'on est dans une société où le harcèlement scolaire peut mener à l'envie de suicide; malgré toutes les belles mesures mises en place.
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MaHell
Il faut dire que ça s'est passé il y a plus de 20 ans et qu'a l'époque il n'y avait pas les même moyens de prévention et c'était tabou. Mais ça ne m'empêche pas de craindre pour mes enfants.
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