Texte du sujet: Animalité, sujet 3 : "Bestialité"

tigre

« - Pourquoi avez-vous tué votre patron ?
- Vous savez pourquoi.
- J'ai besoin d'enregistrer votre confession pour pouvoir verser la pièce dans le dossier. »

Elle n'arrivait pas à regarder l'inspecteur en face. Le visage bas, la gorge nouée, elle ne voulait pas se rappeler ce qui s'était passé. Penser à ce moment où elle était complètement hors d'elle la terrifiait. Elle s'était déjà mise en colère mais pas à ce point-là. Mara grelottait encore de fatigue. Elle pensait encore que c'était l'assassinat qui l'avait épuisé mais en réalité, c'était tout autre chose. Il lui revenait en mémoire cette phrase qu'Alain, mais bien d'autres avant lui, lui avait adressée : « Les femmes doivent savoir garder leur place, sourire, soutenir les hommes qui leur sont proches et c'est tout. » Elle a toujours tout fait pour contenter son père, ses frères, ses instituteurs, son époux, l'ami qui voulait la recommander à ce job dont elle rêvait, puis le recruteur et enfin son boss. Jusqu'à parfois ne plus pouvoir se regarder en face. Est-ce qu'elle s'était toujours écrasée face à eux parce qu'elle voulait vraiment quelque chose ou parce qu'elle avait peur de ces hommes plus vieux, plus expérimentés, plus puissants qu'elle ? Son problème était-il l'ambition ou son absence ?

Reste immobile et silencieuse. Cesse d'exister. Sa main à lui sur sa joue à elle. Ses yeux à elle qui se referment. Sa peur à elle qui monte. Son autre main à lui sur son sexe à elle. Black-out. Elle rouvre les yeux une seconde plus tard mais ce n'est pas une seule seconde qui vient de s'écouler. Plusieurs minutes et plusieurs litres de sang. Elle est dans le bureau de l'inspecteur, elle ne veut pas se rappeler. Elle porte son poing vers son cœur, fond en larmes. Elle se laisse submerger par le souvenir. Enfin.

Mara est dos au mur. Alain est devant elle et la colle physiquement. Il n'y a plus de distance entre eux et la seconde d'avant, elle le regrettait. Maintenant, elle a rouvert les yeux. Elle sent une étrange chaleur derrière ses yeux. Elle saisit la main droite d'Alain et lui retourne 4 doigts. Pris de douleur, Alain se met à hurler. Il n'est pas en colère, il est surpris et sur la défensive. C'est le moment d'attaquer. Mara regarde sa proie avec délectation. Elle s'apprête à lui bondir dessus mais prend son temps. Elle attend qu'il fasse un mouvement. Alain tend la main pour saisir le téléphone sur le bureau mais Mara lui saisit la tête par les cheveux et d'un coup la fait heurter le bureau. Alain est sonné et tente de se débattre mais elle frappe de nouveau sa tête sur le bureau. Paf, paf, paf. Il n'arrive plus à garder les yeux ouverts. Elle griffe ce visage distendu. Elle arrache des lambeaux de peau avec ce qui ressemblaient à des mains manucurées de secrétaire mais qui sont désormais des griffes couvertes de sang. Alain essaie de hurler. Elle plonge ses crocs dans son cou et arrache tout ce qu'elle peut de ce corps encore chaud. Alain s'écroule sur le sol. Elle l'accompagne. Elle n'en a pas fini avec lui. Mara rugit tandis qu'elle se laisse complètement aller. Elle lui arrache sa chemise, lui griffe violemment le torse puis tente de lui arracher de nouveau des morceaux avec les dents. La peau humaine est assez résistante mais elle finit tout de même à parvenir à arracher des morceaux. Elle a le goût du sang dans la bouche, elle réalise qu'elle aime planter ses crocs dans la chair ferme. Elle se sent enfin vivante, elle se sent toute puissante. Elle prend un moment pour regarder la tête sans visage d'Alain. Elle ressent encore l'envie de jouer avec. Avec ses griffes, ses crocs, avec ses instincts les plus violents, elle lui arrache encore des morceaux de joues. Elle mord dans son nez. Elle arrache des poignées de cheveux. Elle frappe dans son torse, elle essaie de fouiller dans son torse, comme si elle pouvait y creuser un trou dans lequel elle pourrait cacher des choses. Elle veut voir comment c'est à l'intérieur. Elle veut voir si le goût de la peau, des muscles, du sang est le même partout. Mara n'a jamais été aussi libre, elle pressent que ce moment va avoir une faim, elle continue de frapper encore et encore le corps d'Alain. Elle repense à ses mains sur elle. Il ne hurle plus depuis longtemps. Ses mains sont dans les siennes. Elle a mâché les doigts, les mains, les poignets, a tout brisé. Elle s'est bien fait les dents comme on dit.

Devant l'inspecteur, elle a honte. Elle pleure toujours mais elle vient de se rappeler que le tigre en elle a mangé l'oreille gauche d'Alain et qu'il est encore dans son estomac à elle.

 

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MaHell
wahou intense !
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AirellaRed
"Mara n'a jamais été aussi libre, elle pressent que ce moment va avoir une faim"... faim au lieu de fin... jeu de mots volontaire?
1
Miloon
Inconscient plutôt. Ou alors je m'en rappelle pas. Je vais laisser !
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plancton2000
la seule manière de traiter un violeur n_n
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