Texte du sujet: Les monstres - Sujet 2 : "Doppelgänger"

La vérité, songea James Potter en se regardant dans le miroir, c'était que les monstres les plus horribles se cachaient parmi les hommes. Il venait à peine d'emménager dans cette maison avec Lily enceinte jusqu'aux yeux, dans ces temps troublés de conflits, avec un Voldemort de plus en plus puissant qui frappait pratiquement à sa porte.

Oui, les monstres étaient partout, et surtout en chacun de nous. Il y avait la jalousie qui parfois le frappait en traître, la colère, l'impuissance, des émotions-monstres qui rongeaient jusqu'à l'âme. Mais surtout, surtout, il y avait la nature humaine. Il suffisait de regarder autour de soi pour se rendre compte que tous les maux du monde ou presque étaient causés par l'espère humaine - moldue comme sorcière, la cruauté et l'égoïsme ne faisaient pas la fine bouche.

Et puis surtout il y avait James. James qui aujourd'hui, alors qu'il n'était pas plus mature, plus brave, plus juste ou plus clairvoyant, prenait du recul sur ce qu'avait jusque là été sa vie. Il avait été un sale petit con arrogant, qui profitait de la fascination aveugle de ses professeurs devant ses talents pour brutaliser tous ceux qui avaient le malheur de lui déplaire. Et il avait entraîné avec lui Sirius, loyal comme le chien qu'il devenait à l'envie, Remus si sage, et Peter, si manipulable.

La vérité, c'était que le tout dernier geste de James, de faire de Peter son Gardien du Secret, n'était même pas désintéressé ou motivé par la ruse, non, il s'agissait juste de récompenser son ami le plus servile pour une bricole dont il avait besoin pour une potion, et de s'assurer qu'il le servirait encore bien à l'avenir.

Oui, James était un monstre parmi les hommes, et si tout le monde était tombé dans le panneau, c'était trop tard à présent. Lever le voile sur la vérité ferait trop de mal à tout le monde. Et il n'était pas un Poufsouffle, à préférer l'honnêteté en toutes circonstances. Il ne l'était pas devenu non plus.

En vérité, le Choixpeau aurait dû l'envoyer à Serpentard à grands coups de pied au cul, parce que c'était là qu'était sa véritable place, et que ça l'aurait sans doute coupé dans son élan. Il n'aurait pas fait tant de mal si les plus grands l'avaient calmé - ou avaient rapporté sa conduite à ses parents - plutôt que de l'encourager comme il l'avait été chez les Griffondor, chez qui taper du Serpentard importait plus que tout.

Mais cela n'enlevait rien à l'importance de sa faute. Tout était sa faute. Les autres l'avaient encouragé, certes, mais qu'aurait-on pu trouver à cultiver chez lui, outre l'envie d'apprendre, s'il n'y avait pas eu cette cruauté vicieuse et cette jouissance dans l'humiliation d'autrui à l'intérieur de lui, si une sorte de conscience ne l'avait pas enjoint à toujours plus de violence ?

Les monstres étaient parmi les hommes.

Mais parfois, ils pouvaient créer le bien aussi. James en était convaincu. Il s'assurerait à chaque instant que son fils deviendrait un homme bon, quitte à le faire élever par quelqu'un d'autre. Son fils aurait la très noble et très lourde charge de réparer ses erreurs.

Mais n'était-ce pas là le désir d'un monstre ?

 

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