Texte du sujet: Érotisme, sujet 5 : "Sensualité"

Comme beaucoup, ils se sont rencontrés au travail. Il était un futur client, elle était chargée de projets dans une startup qui commençait à décoller. Ce que tout le monde pouvait savoir d'eux au premier coup d’œil, c'est que lui était aveugle mais avait un égo tel qu'on sentait sa présence lorsqu'il rentrait dans une pièce et qu'elle était très concentrée sur son travail, consciencieuse, obsédée de toujours en faire plus, de toujours faire mieux.

Il l'avait invité à boire un verre pour discuter d'un projet mais elle savait bien que le ton qu'il avait employé voulait tout dire sauf faire des heures supplémentaires. Il savait qu'elle était belle mais sur la défensive, elle savait qu'il avait les moyens d'obtenir ce qu'il voulait. Restait plus qu'à savoir si elle le laisserait faire.

Afin d'être en terrain connu, il lui avait proposé de boire un dernier verre chez lui. Alors que c'était contre tous ses principes, elle avait accepté. Jamais entretenir une relation avec un client, que ça soit pour un coup d'un soir ou pour risquer de développer des sentiments. D'ailleurs, les coups d'un soir n'étaient pas son truc. Ca allait à l'encontre des ses valeurs, de ses convictions. On ne s'abandonne auprès de quelqu'un que lorsqu'on lui fait confiance. Être nue, vulnérable, à la merci des jugements d'inconnus, c'était non. Est-ce parce qu'il ne la voyait pas qu'elle avait accepté, pensant peut-être être, enfin, en position de force, avoir l'avantage ?

Toujours est-il qu'il n'alluma pas les lumières pour elle. Il la fit pénétrer dans l'appartement, lui indiqua où poser ses affaires. Lorsqu'il entendit le bruit du sac à terre, il lui saisit la main gauche délicatement, presque du bout des doigts. Il parcouru son bras jusqu'en haut de sa clavicule puis à l'aide de son autre main, il lui retira son manteau. Il tomba à terre. Il prit ses mains et les déposa sur son visage. Il déposa ses mains sur son visage à elle. Il commença à parcourir son visage comme pour y déchiffrer quel genre de beauté se tenait devant lui. Elle fit de même. Elle ne voyait pratiquement rien mais ça ne la dérangeait pas. Elle ne se sentait pas prise au piège comme elle aurait pu le penser. Elle se sentait en confiance. Suffisamment pour dessiner le contour de son visage, de le découvrir avec un autre sens que celui de ses yeux. Elle dessinait le contour de ses oreilles, effleurait son cou, son torse, ses petites poignées d'amour. Elle ne savait pas si elle pouvait déjà lui retirer son pull et son t-shirt pour en toucher davantage. Elle avait compris qu'il allait la guider et lui faire découvrir une autre manière de découvrir quelqu'un.

Il avait maintenant une idée assez claire de ce à quoi elle ressemblait. Il approchait son visage du sien, non pas pour l'embrasser mais pour la sentir, pour se laisser envahir par les différents parfums qui la composaient. Une odeur de shampoing, de déodorant, de parfum,... Toutes ces odeurs n'étaient pas inconnues pour lui mais ce qu'il cherchait, c'était la tonalité sous cette chimie industrielle qui n'était propre qu'à elle. Il respirait son aura à la recherche de son empreinte, tout en la caressant du bout des doigts. C'est lorsqu'il découvrit enfin le goût unique que lui laissait la peau d'Alessandra au fond de son nez, quasiment dans sa bouche qu'il se décida à s'approcher plus près pour sentir ses lèvres. D'abord du bout du nez, comme pour composer un peu plus d'identité olfactive de sa compagne, mais surtout pour se préparer pleinement à apprécier le goût de son baiser.

Toujours debout sur le pas de la porte, ils continuaient de se toucher doucement et de s'embrasse lentement. Ils prirent le temps de se déshabiller et il l'initia aux plaisirs d'effeuiller un partenaire en le touchant et en le sentant. Elle découvrit des odeurs qu'elle n'avait jamais pris la peine d'expérimenter. Un corps humain ne sent pas uniformément de la même manière. Elle réalisait soudainement que certains parfums qui émanent d'un corps sont nettement plus enivrants qu'un gâteau au chocolat. Toute sa vie, elle avait penser que le plaisir de la table surpassait le plaisir charnel. Elle avait l'eau à la bouche de renifler ce corps debout devant elle. Elle avait envie d'embrasser, de lécher, d'aspirer dans sa bouche, de mordiller, de croquer ce cou qui s'offrait à elle.

Il la sentait désireuse. Il l'amena dans sa chambre tandis qu'ils finissaient d'enlever leurs vêtements. Elle respirait de plus en plus fort. Il gardait le contrôle et s'émerveillait de la sentir enfin se laisser aller. En général, les conquêtes qu'il ramenait chez lui ne pensaient qu'à goûter à son sexe. C'est enfin, en la personne d'une novice qui ne l'avait jamais joué autrement qu'en missionnaire, sans orgasme, en pensant à tout autre chose, qu'il avait enfin trouvé une partenaire qui savait enfin apprécier un corps comme lui. Elle se perdait complètement dans ses nouvelles sensations, ses nouvelles envies, ses nouvelles pulsions. Elle s'effrayait parfois à vouloir qu'il lui fasse l'amour dans de nouvelles positions ou de vouloir lui mordre le flanc. Elle se sentait déraisonnable et commençait à se demander quelle était la limite à ne pas dépasser. Manger son partenaire, c'est non. Goûter son intimité et lui laisser goûter à la sienne, c'est acceptable. Mais oserait-elle ?

Ils n'avaient pas encore touché de parties intimes de l'un l'autre. Ils ne faisaient que se respirer et s'embrasser, découvrant leur corps mutuel, évitant soigneusement les endroits stratégiques pour faire durer cette exploration le plus possible. Apprécier un amour charnel sans devoir se faire pénétrer lui plaisait énormément. Sentir des mains parcourir son corps sans pouvoir voir qui la touchait la faisait vibrer comme jamais. Elle était mentalement et physiquement sens dessus dessous et il n'y avait pas de mot existant pour qualifier à quel point elle adorait ça.

Cette nuit-là, ce n'est pas une histoire d'amour qui est née. L'aveugle avait fait découvrir un autre univers et une toute autre manière d'apprécier un corps à la prude. Les jours suivants, dans la salle de réunion, il pensait à l'odeur de sa nuque, le toucher de sa peau, le goût de son fruit, la musique de sa respiration. Il affichait un sourire. Elle ne souriait pas. Elle était concentrée sur le projet, sur les choses à négocier et à planifier. Elle ne souriait pas mais elle pensait très fort à la nuit partagée avec lui. Elle se demandait désormais si elle devait céder à la facilité et l'inviter à dîner pour revivre ça ou si elle ne tenterait pas l'expérience avec un nouveau corps pour découvrir de nouvelles sensations.

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MaHell
j'aime beaucoup l'idée. l'utilisation des sens et les analogie à la nourriture me plaise beaucoup. j'aime bien le petit cliffhanger de fin aussi.
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