Le jour où mes iris kaki ont croisé ses yeux gris délavés, nos sens se sont emballés, empesés d’envie. L’affaire était emballée, pesée.

Cela commença par son regard que je sentais plus que je ne le voyais. Quelque chose de presque tactile. Une sensation que j’ai toujours eu du mal à définir, cette capacité à ressentir presque tactilement un regard, même de loin, même le dos tourné. Et invariablement, l’agréable surprise de ne pas m’être trompée.

On dit souvent que les sens mentent. Sensément. Mais la réalité dépasse la fiction, et nous prouve que l’impensable existe, de par des petits détails inénarrables comme celui-ci.

Au fil de la conférence, alors que je taillais dans le vif du sujet, partie sur mon thème professionnel, je pouvais presque sentir ses mains me caresser à travers ses yeux. Je ne savais pas encore qui il était, ni quel visage il avait. Je le savais juste là, goûtant d’ores et déjà à ma peau avec ses papilles, pendant que ses pupilles devaient jouer au yo-yo et que ses pores devaient déjà s’imaginer suer sur mon corps.

Il flottait une odeur électrique métallique, celle qui remonte aux narines après un doux baiser échangé.

Les sons devenaient étouffés, enfouis sous cette sensation d’un « truc » qui se passait alors que rien n’avait encore été amorcé.

Peut-être était-ce ça, l’effet de deux âmes qui se trouvaient. Je l’ai longtemps pensé. Je le pense encore, d’ailleurs. Peut-être l’a-t'il pensé. Peut-être le pense-t-il encore. Je ne sais.

Mais, ce que je sais, c’est que lorsqu’il est venu me parler, je crois bien que mes cinq sens, de lui s’étaient déjà imprégnés.

Sensément, tout ceci était insensé. Mais mes sens se sont emballés.

Sens… et ment… .mais non. Mes sens ne m’avaient pas menti. Les siens s’étaient vraiment emballés. Et la réalité l’a prouvé.

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